Bratislava est étonnante. Qui s’attend à une capitale sera déçu, qui s’attend à un musée du communisme à ciel ouvert sera déçu, et qui s’attend à un écrin baroque sera déçu. Bratislava est un peu des trois, et bien plus encore.
Vienne et Bratislava sont les deux capitales les plus proches du monde (environ 65 kilomètres à vol d’oiseau). Si vous venez de Vienne, vous pourrez relier la capitale slovaque :
– par voie ferrée, depuis la gare de Wien Hauptbahnhof, jusqu’à celle de Bratislava, Bratislava Hlavná Stanica. Le trajet dure une heure et coûte environ 13,50€ pour un adulte. Il est possible d’acheter son billet à l’avance depuis la France, auprès de la SNCF, qui délivre sans problème des trajets internationaux. Les porteurs de la carte 12/27 bénéficieront en outre de 25 % de réduction sur les trajets internationaux.
– par voie fluviale, sur le Danube, avec le Twin City Liner, qui relie les deux capitales en 01h15 pour une trentaine d’euros en haute saison. L’embarcadère viennois est sur la Schwedenplatz, et il est possible de réserver son billet en ligne.

Twin City Liner reliant Vienne et Bratislava sur le Danube, photo de http://www.danubeday.at/schiffsanlegestelle-schwedenplatz
Personnellement, j’ai choisi le train, car devant relier Budapest le soir même, j’étais encombrée de ma valise, et souhaitais bénéficier de la consigne de bagages de la gare de Bratislava. J’ai appris trop tard qu’il y a également une consigne à l’arrivée du Twin City Liner en Slovaquie… Donc sentez-vous libre d’opter pour l’un ou l’autre de ces moyens de transport !
Arrivée à la gare de Bratislava, dépôt des bagages en consigne automatique pour un ou deux euros la journée, vous gardez la clef avec vous. Il y a également une vraie consigne gérée par un véritable être humain, si vous ne faites pas confiance à la machine. La gare elle-même ravira les nostalgiques du Rideau de Fer, c’est déjà Retour vers le futur. La jolie petite gare provinciale de l’ancienne Presbourg a été massacrée par un appendice industrialo-précaire datant vraisemblablement des années 70.
Les abords de la gare sont… Pittoresques, et l’on rejoint le centre-ville par une grande artère, la rue Štefánikova ; si vous arrivez de Vienne, le contraste est un peu rude. Le riche patrimoine de cet ancien pôle de l’empire austro-hongrois aligne d’élégants immeubles fin de siècle dans un état plus ou moins avancé de délabrement et quelques ensembles d’un goût soviétisant discutable.
Vous passerez devant le Palais Grassalkovitch, aujourd’hui résidence du Président de la République slovaque. Continuez tout droit et prenez à gauche en suivant la voie du tramway ; sur la petite place Župné námestie, vous dépasserez l’église de la Trinité, petit bijou baroque à la façade concave copiée sur l’église Saint-Pierre de Vienne, malheureusement fermée lors de ma visite.
On a dans cette rue une jolie vue sur l’austère château ; prenez encore à gauche, et par la volée d’escaliers de la Klariská, vous vous enfoncerez dans la vieille Presbourg et dépasserez l’église des Clarisses dont j’ai fait le tour pour chercher – en vain, l’entrée.
Le centre historique de Bratislava est tout petit, on en fait le tour en une paire d’heures.
À l’est, la cathédrale Saint-Martin de Bratislava, qui se visite en dehors des heures d’offices, vient buter contre les limites de l’ancien quartier juif, rasé (un monument en rappelle l’emplacement), et où s’entremêlent désormais les ramifications bétonnées d’une rocade routière.
Au Sud, le Danube. En le longeant, on rencontre un édifice dont la façade de l’extension moderne (1969 – 1977) nous ferait croire à un parking aérien, mais qui est en fait la Galerie Nationale Slovaque ; je ne l’ai pas visitée, mais les amateurs d’art de passage à Bratislava la conseillent.
Vous n’aurez par ailleurs pas manqué le Pont du Soulèvement national slovaque, de style néo-spatial ; 7537 tonnes d’acier et un restaurant panoramique au sommet (le UFO, OVNI en allemand) où l’on accède par un ascenseur, payant si vous n’avez pas réservé votre table au restaurant.

À l’arrière-plan, le Pont du Soulèvement national slovaque, et le restaurant panoramique UFO, Bratislava, Slovaquie © Eurofluence
Pour déjeuner, j’ai choisi une table plus typique de la vieille ville, très bien classée sur TripAdvisor, où je l’ai dénichée : Prašná Bašta. Difficile de dégoter l’adresse sans cela, car elle est bien cachée.
Cuisine slovaque et méditerranéenne sont servies dans ce caveau où se pressent les locaux comme les étrangers. Cuisine d’Europe Centrale pour moi : émincé de veau aux cèpes et à la crème, et quelques boules de riz. Les prix rappellent Vienne : 14,50€. Mais c’est bon, et le personnel est aimable, efficace et anglophone. Une bonne adresse !
Nouvelle exploration de la vieille ville, et visite de l’église et du couvent franciscain ; à noter, la très belle chapelle gothique dédiée à Saint Jean l’Évangéliste, et sa crypte, bâties au XIVe siècle.

Chapelle gothique dédiée à Saint Jean l’Évangéliste, église franciscaine de Bratislava, Slovaquie © Eurofluence
Sans souffler, nous poursuivons par le petit palais Mirbachov, petit écrin rococo bâti entre 1768 et 1770. Nous étions les seuls visiteurs et l’équipe d’accueil, discrète et très amicale, ne ménageait pas ses efforts pour faciliter notre visite par ses indications et… En allumant la lumière dans toutes les pièces que nous traversions.
Le deuxième étage était en travaux, et la signalisation manquant, nous avons atterri en plein chantier au milieu des ouvriers, imperturbables !
Passage par la place Hlavné námestie, cœur de la Bratislava historique, bordée d’élégants palais baroques et d’immeubles Art Nouveau ; avec un peu de chance, un joueur traditionnel de fujara animera votre chocolate time en terrasse du Schokocafé Maximilian Delikateso, d’où l’on s’offre une vue imprenable sur la plus ancienne fontaine de Bratislava (1572) et les fameuses sculptures en bronze qui font désormais l’attraction dans le centre-ville. Ici, un soldat napoléonien appuyé sur un banc.
De cette place, on peut s’enfoncer dans le Stará radnica, un complexe d’immeubles dont les plus anciens remontent au XIVe siècle, et abritaient l’ancien hôtel de ville. On y trouve aujourd’hui le Musée de la ville de Bratislava. On débouche alors sur le palais primatial, où fut signé en 1809, le traité de Presbourg, entre les empereurs Napoléon Ier et François Ier d’Autriche.
Fin de flânerie au bord du Danube avant de rejoindre la gare, pour le dernier trajet ferré de la journée, direction : Budapest !
Par son passé dense, son patrimoine pluriel et son statut de cinquième région de l’UE, Bratislava est une petite capitale qui mérite l’arrêt.
Détournez-vous pour elle, et faites-en le but d’une excursion au pied des Petites Carpates !
Le site Internet officiel de l’Office du Tourisme propose de nombreuses informations et ressources en ligne pour découvrir la ville, dans de nombreuses langues. Quelques documents .pdf en français peuvent ainsi être téléchargés sur smartphones et tablettes pour profiter des informations culturelles lors de sa visite dans la capitale slovaque !
